par TLILI
Mohamed - Historien PERIODE
PRE-ROMAINE Située au Nord-Ouest
de la Tunisie (36°11Nord et 8°43Est), à 175 km. à l’ouest de Tunis et à 40 km
à l’est des frontières algériennes, la ville du Kef est, depuis la plus haute
Antiquité, la principale ville du Haut-Tell, du Nord-Ouest tunisien et d'une
bonne partie de l'Est algérien, dont elle constituait, jusqu'à une date
récente, le centre politique, le plus important centre religieux et la place
forte dominante. La présence, à
proximité, du plus vieux site archéologique tunisien à Sidi Zin, dans la
vallée de l'Oued Mellègue, laisse penser que la région du Kef fut l'une des
premières occupées par l'homme préhistorique. Plus tard, il
s'établit sur les hauteurs du Kef (Djebel Dyr), au lieu-dit Sidi Mansour. Il
put y profiter d'une abondante source d'eau, d'un site facilement défendable
au coeur d'une région giboyeuse ainsi que d'un refuge naturel dans les
grottes locales. Des peintures rupestres encore visibles témoignent de son
passage (esh-Shgega). Grottes
de Sidi Mansour Le site du Kef fut
également occupé très tôt, comme en témoignent les récentes découvertes, au
coeur même de la ville, de vestiges d'industries lithiques néolithiques en
rapport avec des activités agricoles (oued el Aïn). C'est sans doute à cette
époque que remontent les premiers cultes autour de la source abondante de Ras
el Aïn, située en plein centre-ville. Les Keffois parlent encore de la Sainte
gardienne des eaux de la source, Lella Mna, lointaine survivance de l'ancien
culte du génie des eaux et des sources. Source
Romaine (Ras el Aïn) L'époque mégalithique
dut être florissante, si on en juge par les nombreux vestiges mégalithiques
qui ont traversé les siècles pour parvenir jusqu'à nous (Hram de Sidi
Mansour). Beaucoup ont malheureusement disparu, témoins des premiers foyers
de peuplement sédentaire qui devaient donner naissance à la ville. Dolmen
sur les hauteurs du Kef L'influence
carthaginoise atteignit la ville au 5 ème s. av. J.-C.,
comme l'atteste la découverte de restes de céramiques puniques du IVème s.
av. J.-C., lors de la construction des remparts de la ville (Borj Glel). Son site perché,
riche en eau, amena sur la ville la protection d'Ashtar (ou Astarté), déesse
de la fécondité. Ce culte est peut-être à l'origine du premier nom de la
ville, Cirta (Chirta = Kirta), signifiant très probablement : haut-lieu
sacré, sanctuaire consacré à Ashtar : a-chirta. Cirta fut, déjà dès l'époque
numide, une ville-temple et un centre de pèlerinage, permettant la création
d'alliances politiques avec les villes voisines (amphictyonie). Cette
organisation territoriale autochtone survivra plus tard, à l’époque romaine,
sous les noms de "pertica" et de "castellae". La ville passa par la
suite sous le contrôle des Numides massaesyles. Syphax, roi des Numides, fit
de Cirta une résidence dès 205 av. J.-C. Massinissa (203-148 av. J.-C.), roi
des Numides massyles, après sa victoire sur Syphax en 203 av. J.-C., renforça
son rôle de capitale du royaume numide unifié, le Regum Numidiae. Micipsa
(148-118 av. J.-C.),son fils et héritier, l’embellit. Les Anciens la
qualifiaient de ville splendide, elle accueillait une importante colonie
grecque et italique, généralement des lettrés, des architectes et des
négociants en blé. Lorsque survint la
mort de Micipsa, en 118, ses trois héritiers (Adherbal, Hiempsal et Jugurtha)
se disputèrent le royaume. Hiempsal fut très vite assassiné par Jugurtha. Ce
geste eut pour conséquence de diviser les Numides en deux camps, l'un pour
Adherbal, et le second constitué surtout par l'élite militaire favorable à
Jugurtha. Echu à Adherbal par
un arbitrage du Sénat romain, Cirta fut assiégée et investie par Jugurtha en
112 av. J.-C.Adherbal fut vaincu et égorgé la même année. Jugurtha était
maître de toute la Numidie. Mais dès 110 av.
J.-C., les combats reprirent contre l'armée romaine. La ville de Cirta se
rendit aux Romains en 108 av. J.-C. Ceux-ci établirent, non loin, un camp
permanent pour mener leur guerre contre Jugurtha, retiré dans le Sud. Les
combats prirent fin en 105, par la capture du chef numide. Celui-ci fut exilé
à Rome et exécuté le 1er Janvier 104. (plus de détails sur les guerres de Jugurtha) C'est
en 46 av. J.C., sous Jules César, que Cirta fut annexé à l'empire romain,
avec le reste de la Numidie indépendante de Juba, au sein de l’Africa Nova.
La ville était alors occupée par Sittius. En 42-40 av. J.-C.,
Cirta fut assiégée, en tant que résidence probable du gouverneur romain de
cette nouvelle province, Sextius, lors des conflits qui opposa celui-ci à
Cornificius, gouverneur de l’Africa Vetus. Après une première
fondation coloniale de la Colonia Julia Cirta vers 40 av. J.-C., probablement
à la suite d’un programme de J. César, la colonie fut renouvelée du temps
d’Auguste, entre 36 et 27 av. J.-C, en une importante colonie, celle des
Siccensis. Ce sont probablement des descendants de vétérans marianistes
(soldats de Marius qui combattirent Jugurtha) transplantés de l’Est et des
vétérans, fraîchement démobilisés, de J. César. Ces colons furent classés
dans la tribu romaine de Quirina. La ville devait porter, dès lors, le nom de
Sicca en même temps que celui de Cirta. Il est fort possible que le
renouvellement de la colonie julienne (Colonia Julia Cirta) ait donné lieu à
l’épithète nova de Cirta Nova. Très tôt, celle-ci
devient le centre d’un important mouvement migratoire et d’un vaste
territoire colonial (pertica). En témoigne la variété des identités des
habitants : Antistius, Aurelius, Caecilii, Calpurnii, Sallustii, Calecinius, Laberii,
Ilius,... De plus, il n’est pas exclu que Cirta Sicca, dont le territoire
initial devait s’étendre sur une très vaste superficie, ne fut pas pour un
temps, le siège du légat de la Numidie proconsulaire avant la création du
Diocèse d’Hippone à la fin du IIe siècle. La ville sera plus
connue sous le nom officiel de Colonia Julia Veneria Cirta Nova Sicca, bien
qu’on la désigna, assez tôt, au début de l’époque impériale, du temps de
Tibère, sous le double nom de Cirta et de Sicca. Mais le nom usuel qui devait
prédominer fut Sicca Veneria, nom composé reflétant son statut mixte et
particulier, celui d’une ville-temple, où l’on distingue entre l’ordo des
Siccenses civil et les Venerii religieux (colonia Siccensium et Veneris).
Le nom de Cirta fut
toutefois utilisé dans les milieux autochtones jusqu’au IVe siècle. Sicca est
signalée par la plupart des sources géographiques anciennes comme dans Pline,
Ptolémée, l’Itinéraire d’Antonin et la Table de Peutinger. Elle est au centre
d’un important carrefour routier, c’est la plus importante station sur la voie
qui relie Carthage à Cirta (Constantine). La ville, sous la
direction de l’ordo des Siccenses, devait connaître une remarquable évolution
urbaine et architecturale marquée par d’importantes réalisations monumentales
: forums, Capitole, temples, théâtre, amphithéâtre, arcs de triomphe,
monuments honorifiques. L'alimentation en eau fut assurée par un aqueduc pour
suppléer à la source principale Ras el Aîn. L'abondance en eau permit de
développer un important réseau d'adduction et d'évacuation encore utilisé de
nos jours. Un important complexe thermal vit le jour vers le 3ème siècle
ap.J.C.
Thermes
romains dans le Centre Ville La ville a dû
connaître notamment une importante production artistique, particulièrement
dans l’art de la mosaïque. La multiplicité des thermes, les jeux de cirque,
les représentations théâtrales, dont certaines sont données en langue
grecque, l’animation de la vie économique, politique et religieuse laissent
deviner une cité prospère et vivante. Cirta Sicca, devenue creuset
romano-africain, donna à l’empire romain une brillante élite et d’illustres
personnages politiques, littéraires, scientifiques, tels que : Le vieux temple
d’Ashtar, célèbre pour son confrérisme féminin, fut converti, du temps des
Juliens, en temple de Vénus, dirigé par un collège des Venerii. Il fut,
vraisemblablement, rénové au IIe siècle, du temps d’Hadrien. C’est ce qui
pourrait éventuellement expliquer l’adjectif de nova accolé à la titulature
officielle de la ville. Le temple de Vénus resta en activité jusqu’au début
du IVe siècle et continua à bénéficier de soins particuliers de la part du
curateur de la ville Valerius Romanus. La ville a dû
connaître au milieu du IIIe siècle d’importants troubles. Sicca fut témoin,
du temps de Gallien (253-268) et des fameux trente empereurs usurpateurs, de
la malheureuse aventure de l’imperator africain Celsus (265), qui fut
destitué et massacré, après une semaine, par les citoyens et la garnison de
la ville, restés fidèles à la légalité. En 276, le soulèvement berbère emmené
par Aradion, fut réprimé par le futur empereur Probus au terme d'un combat
singulier entre les deux chefs, non loin de la ville. Probus honorera son
malheureux adversaire en lui faisant élever un important mausolée. L'arrivée du
christianisme fit de Sicca un important évêché cité dès 256. Elle y eut un
martyr, l’évêque Castus (255). Son église connut ses heures de gloire grâce à
d’autres évêques célèbres tels que : Arnobe, ardent
défenseur de la foi chrétienne, enseignait la rhétorique à Sicca, du temps de
Dioclétien (284-305). Il y animait, à l’instar de Madaure, une véritable
académie et une célèbre école de rhétorique fréquentée par beaucoup de jeunes
qui affluaient de partout. On y venait de Carthage même, comme ce fut le cas
du célèbre saint Marcellin d’Embrun. C’est à Sicca que ce dernier côtoyait
Donat et deux jeunes chrétiens : saint Vincent et saint Domnin. Lactance, le
plus brillant des élèves d’Arnobe, était vraisemblablement originaire de la
région. De Sicca, ces brillants élèves partiront en Europe où ils connaîtront
une remarquable destinée. Saint Marcellin,
saint Vincent et saint Domnin, armés de l’enseignement lumineux de l’école de
Sicca, iront évangéliser une région retournée au paganisme, celle des Alpes
de Haute Provence en France. Ils y fondèrent des églises, à Embrun et à
Digne. Enseignant aussi bien
en Afrique, en Nicomédie, qu’en Gaule, Lactance deviendra l’un des plus
célèbres apologistes du monde latin et Donat, installé à Rome, deviendra l’un
des grammairiens le plus notoires. C’est probablement à travers le témoignage
de ce dernier que son élève Saint Jérôme put rédiger la courte biographie
d’Arnobe de Sicca. Parmi les théologiens
célèbres, on doit également citer Saint Augustin qui fit de nombreux séjours
à Sicca où il anima la vie monastique. C’est à la fin du IVe
siècle qu’on construisit sur les vestiges du Capitole païen l’importante
église de saint Pierre (Dar el Kous). Basilique
Romaine de Dar el Kous On peut supposer que
l'arrivée des Vandales au 5 ème siècle (prise de
Carthage par Genséric en 435) fut une catastrophe pour la ville pendant près
d'un siècle. Sicca, devenu fief de l’arianisme (forme de christianisme non
reconnu par l'Eglise officielle catholique), fut un lieu de déportation de
plus de quatre mille Catholiques persécutés par Hunéric (477-484). Ce fut
l'époque où saint Fulgence tenta en vain de fonder un ordre à Sicca. La
période vandale prit fin en Tunisie en 534 par les victoires des troupes
byzantines de Belisaire. A l’époque byzantine
la ville était dotée d’édifices religieux et d’ouvrages de fortification qui
en firent l’une des plus importantes places du pays pour surveiller les
grands axes et contrer les mouvements de résistance maures. Son nom Sicca
Veneria s’est transformé, à la fin de l’Antiquité classique, sous l’influence
chrétienne, d’une ville vénérée (Sicca Veneria) à une ville bénie (Sikka
Beneria), nom que les conquérants Arabes allaient hériter, transcrire et
transmettre sous la forme de Chaqbanariya. Les
armées arabes arrivèrent en Tunisie dès 648 (victoire des armées d'Abdallah
ben Saad sur les troupes du patrice Grégoire). Sicca connut un premier raid
des armées arabes en 688, du temps de Zouheïr ibn Qaïss Al Balawi. Si
Carthage tomba en 689, la conquête définitive de Sicca semble acquise à la
fin des campagnes de Moussa ibn Noussayr. Islamisée mais insoumise,
Chaqbanariya sera en 788 l’ultime carré de résistance des Berbères Kharéjites
soufrites du nord, conduits par Salah Ibn Noussayr En-Nafzi et la Phalange
des grands doctrinaires, où ils seront défaits devant le chef des armées de
Yazid. La ville, célèbre
pour sa Qalaâ (forteresse), fut mêlée néanmoins à plusieurs événements
importants comme la chute des Aghalabides en 909, la révolte d’Abi Yazid et
les guerres civiles entre Badis et son oncle Hammad. Siège de gouverneur à
l’époque ziride la ville se déclara autonome au XIe siècle, lors de
l’invasion des tribus arabe des Béni Hillal (1051-1052). Les Almohavides la
récupèrent des mains de ces seigneurs, les Klaâ en 1159. Elle connut en 1181
les incursions de l’Arménien Qaraqouch, relayé par le Morabit Majorquin Ibn
Ghaniya qui réussit en 1204 à la faire rentrer sous son autorité après un
premier échec en 1200. Ce fut la dernière fois où l’on évoqua la Qalaâ de
Chaqbanariya.
Vues de
la vieille ville (Medina) La ville tomba alors
dans l’anonymat complet. C’est à peine si l’on citait son nom. Même si
d’autres sources évoquèrent du XIIe siècle au XIVe siècle sa grandeur et sa
splendeur passées, elle est à peine évoquée par le voyageur-pèlerin marocain
Al’Abdari au XIIIe siècle sur la route des fortresses (tariq al qilaâ). Le
fin lettré Andalous Abi Al Moutarif ‘Amira au XIVe siècle ne disait pas
beaucoup de bien de la ville. Seule image lumineuse de cette époque :
l’enseignement que donna Sidi Ahmed bin Harzallah au XVe siècle. La ville
semble garder toutefois son prestige religieux. Fief autonome de la
tribu arabe des Muhalhil, les Béni Channouf, au moment de la décomposition du
pouvoir Hafside, Chaqbanariya, devenue au cours du XVIe siècle El Kef , le
Rocher (الكاف) sera reprise, à la fin du XVIe, par les
Ottomans de Tunis (1573 : occupation de Tunis par Sinan Pacha) pour en faire
un important point d’appui pour contenir les tribus autonomes de la région et
recréer le territoire national. On y construit déjà, dès 1600, un premier
fort. Des conflits frontaliers avec le voisin algérien en 1614 et 1628
allaient mettre en valeur la position forte du Kef. On y installa dès 1637
une garnison permanente (oujaq) appuyée par des tribus supplétives (makhzen).
Le Kef devint un véritable bastion avancé de la Régence de Tunis face à
l’ouest. El Kef connaîtra, à
partir du XVIIe siècle et sous l’ombre de cette nouvelle paix, un essor
économique, urbain et culturel remarquable. Son rôle religieux sera encore
mieux souligné par la fondation d’ordres confrériques et maraboutiques. Sa
vocation défensive restera néanmoins prédominante. Elle sera l’enjeu des
différents conflits armés qui marquèrent la fin du XVIIe siècle et le début
du XVIIIe siècle entre prétendants mouradites et Algériens et entre Ibrahim
Chérif et ces derniers. Ces multiples conflits allaient amener au pouvoir, en
1705, une nouvelle famille régnante originaire du Kef, la dynastie husseinite
des fils du Grec Ali Turki, originaire de Candie et commandant de la place et
des njou’a arabes du Kef, Husseïn, Mhamed et son fils Ali Bacha, ainsi que le
frère maternel de Husseïn, Ameur Bey. El Kef est connu comme la ville du
trône (Blad al koursi). La place forte du Kef
demeura le principal théâtre et enjeu des longs conflits qui opposèrent, dans
la première moitié du XVIIIe siècle, les partisans de Husseïn bin Ali et ceux
de son neveu Ali Bacha, querelles attisées par les interventions armées des
Turcs d’Alger. Ali Bacha renforça considérablement les fortifications du Kef
et la ceintura de remparts, dès 1740. La dernière campagne de 1756 verra toutefois
la destruction de la ville et son désarmement. Ce n’est qu’au début du XIXe
siècle que Hamouda Bacha, décidé à s’affranchir de la tutelle d’Alger,
réhabilita la place du Kef et relèvera de nouveau ses fortifications et sa
Kasbah. Celles-ci permirent de nouveau, grâce à la participation active des
principaux chefs religieux de la ville et au ralliement des tribus
frontalières, de remporter d’écrasantes victoires sur Alger et de sauvegarder
l’intégrité du territoire de la Régence de Tunis et son indépendance.
La Kasbah La ville allait
s’imposer, à partir de la fin du XVIIIe siècle comme une véritable métropole
confrérique et maraboutique. On y dénombrait à la fin du siècle dernier la
plupart des grandes confréries du Maghreb telles les Aïssaouiya, les
Rahmaniya, les Qadriya et plus de cent coupoles de marabouts, telle la
superbe mosquée de Sidi Bou Makhlouf.
Mosquée
Sidi Bou Makhlouf La ville connut
également, malgré les différents conflits, disettes ou épidémies, une
prospérité économique et une importante expansion urbaine. Elle fut un
véritable foyer de personnalités religieuses, intellectuelles et politiques,
sans oublier une importante communauté juive, qui compta jusqu'à 600
personnes regroupées dans la Hara, autour de la synagogue aussi appelée
Ghriba. (plus de détails sur la communauté juive du Kef) El
Kef fut en 1864 au coeur de la grande insurrection des tribus ounifa de la
région contre le pouvoir beylical et les exactions des Mamlouks de la cour.
En dépit du rôle modérateur tenu par les chefs religieux de la ville, la
ville et sa région connaîtront une répression aveugle. Les calamités de 1867
finiront par précipiter la ville dans le gouffre. Celle-ci connaîtra un
déclin urbain et démographique fatal achevé par l’occupation militaire
française de 1881 où les chefs religieux, le gouverneur et la population de
la ville, partagés entre la modération et la résistance armée, ouvrirent les
portes de la ville sans combat. Place militaire
française, centre de colonisation et d’exploitation minière, érigée en
commune dès 1884, el Kef sera le centre administratif de la IIIe
Région. (conseils municipaux de 1884 à 1957) La ville jouera au cours de la seconde guerre
mondiale le rôle de capitale provisoire du pays demeuré hors des zones
occupées par les forces de l’Axe. On avait même eu le projet d’y chercher un
Bey pour remplacer Moncef Bey, destitué. Foyer de militantisme
politique, syndical au cours de la lutte nationale, El Kef et sa région
étaient également un sanctuaire de la résistance armée tunisienne et
algérienne. Le leader Habib Bourguiba aimait y séjourner et s’identifia
souvent à Jugurtha. Marginalisée et victime de politiques économiques
récentes, la ville connaît actuellement un renouveau urbain remarquable. Sa superficie
urbanisée actuelle est de 2500 hectares dont 45 sont situés à l'intérieur des
anciens remparts de la vieille medina. Elle compte 42.449 habitants (1994).
Chef-lieu du Gouvernorat du Kef, l'ensemble de la vile actuelle est réparti
entre deux délégations, celle du Kef oriental et celle du Kef occidental. Son statut actuel de
ville moyenne ne reflète en rien son histoire. Heureusement, son patrimoine
architectural ne cesse de bénéficier d’importants programmes de restauration
et de mise en valeur, dignes de sa longue et prestigieuse histoire. |
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